De l’Action de Groupe comme projet pédagogique à l’échelle de l’établissement

Titre de l'Action: Filles Garçons égalité en éducation 

Emplacement de l'installation: sur les grilles entourant l’établissement scolaire, le lycée de la communication, situé 3 boulevard Arago à Metz, en Lorraine (France). Le choix de l’affichage sur les grilles anti-intrusions qui entourent l’établissement a été fait car les bâtiments sont en retrait des axes de circulation (routes et trottoirs), masqués par des arbres.

Visite interactive de l’établissement

Group Leader Corinne Bourdenet Vicaire
30 AOÛT 2022

Date et heure: L’installation a été réalisée le lundi matin 2 mai, de 8 h à 10 h par 5 élèves de première spécialité arts plastiques et leur enseignante (pendant les heures de cours habituelles).

Cette journée marquait le démarrage d’une semaine consacrée dans l’établissement à des actions autour de la thématique Egalité Filles Garçons.
Ses différentes actions menées par des enseignants d’histoire-géographie, de français, d’anglais, d’arts appliqués, … sont décrites sur le site du lycée.

La communauté qu'elle représente: Tous les membres de la communauté éducative du lycée (élèves, parents, professeurs, administration, agents, assistants d’éducation).

Le thème et la déclaration personnelle de l'Action:
Cette action est inscrite dans tout le lycée. Elle vise à lutter contre les préjugés sexistes qui limitent parfois les ambitions des jeunes dans la poursuite de leurs études (majorité de garçons en sciences, les garçons dans les métiers de l'art en général sont forcément homos, école de sage-femmes réservées aux filles). La thématique est donc filles/garçons égalité en éducation. Du 2 au 6 mai 2022 de nombreuses actions seront menées au sein de l'établissement (tables, rondes, conférences, lectures de texte, ...) sur cette thématique. L'idée de ce projet est de faire rayonner ce questionnement au-delà du lycée en disposant les portraits sur les grilles tout autour du lycée. Certaines donnent sur la voie du TRAM et d'autres sur une route fréquentée. Le rayonnement dépassera donc largement les limites de l'établissement. Des élèves de spécialité arts plastiques se chargeront de l'explication du projet auprès des autres membres du lycée (élèves, enseignants, agents, AED, parents), des prises de vue et de l'installation. La demande pour les prises de vue sera de poser avec un objet qui symbolise son éducation (familiale et/ou scolaire).

Les coordonnées du Groupe Leader: Corinne Bourdenet Vicaire, enseignante en arts plastiques cbourdenet@ac-nancy-metz.fr.

Afin que les portraits soient visibles en totalité, il est apparu plus judicieux de les afficher sur les grilles avec du scotch en verso.

Présentation du projet
En réunion d’équipe autour de Mme Beckel, Conseillère Principale d’Education, coordonnatrice de la semaine de l’égalité Filles Garçons au lycée, de Mme Raulet, proviseur adjointe, chaque enseignant décrit le projet pédagogique envisagé avec ses élèves : exposés en histoire-géographie, audios étudiés et réalisés en anglais, scénographie réunissant toutes les productions en arts appliqués, … 

La plateforme Inside Out est alors présentée et le principe expliqué : au moins 50 portraits, de toutes les personnes représentatives de la communauté éducative, avec un objet symbolisant son éducation. Le projet séduit immédiatement, semble très audacieux et très ambitieux ! 

Le calendrier est imaginé : début des prises de vue, envoi des portraits sur la plateforme pour une réception en avril (le 25, pendant les vacances. Les délais de livraison des portraits ont été très rapides et parfaitement respectés avec un numéro de suivi du colis très rassurant) afin de démarrer l’installation avec les élèves d’arts plastiques porteurs du projet le 2 mai. 
Dans les prévisions, les portraits ne devaient rester affichés que durant la semaine de l’Égalité Filles Garçons du 2 au 6 mai, mais suite aux nombreuses demandes, ils resteront jusqu’au 10 mai. 

Pour lancer le projet, un portrait aux dimensions de ceux de l’action soit 90 x 135 cm est affiché dans le hall du lycée, visible de tous, avec un message d’explications, également envoyé par mail aux élèves, parents, enseignants et autres personnels.

Et les premiers élèves volontaires pour être modèles et photographes. Les consignes sont simples et des fonds blancs sont fixés aux murs à différentes hauteurs pour que chaque volontaire se place devant. Le cadre de la feuille blanche d’arrière-plan (50 x 65 cm, format vertical) sert de repère pour le cadrage du portrait.

Les élèves d’arts plastiques se sont naturellement imposés comme porteurs du projet parce qu’ils connaissaient le travail de JR étudié en classe (et d’ailleurs choisit comme œuvre du corpus à étudier au baccalauréat ! voir document avec la référence à l’œuvre Le secret de la Grande Pyramide), parce qu’ils sont habitués et très motivés par ce type de projets, ambitieux, collectifs, qui nécessitent un réel engagement et parce qu’ils maitrisent les questions de prises de vue, de cadrage, d’enregistrement, d’envois d’images numériques et de droit à l’image.

Peu à peu des étudiants en BTS se sont joints au projet ainsi que des membres du personnels.

Seuls les parents ont manqué à cette formidable aventure : présents par mails par leurs encouragements et compliments, ils n’ont pas osé être modèles. Ce sera le défi de la prochaine Action!

Les bémols de cette action, outre ce manque de participation des parents, furent les hésitations ou refus de certains élèves (et personnels) lorsqu’ils ont compris que les portraits seraient exposés dans l’espace public.

Un quiproquo s’est produit car le hall du lycée, qui ressemble à une grande nef est surnommé « la rue ». Dès le début, mes explications précisaient que les portraits seraient affichés et visibles de la rue (dans mon esprit, la rue était l’espace public de circulation qui entoure le lycée ; dans l’esprit des participants, c’était dans la « rue », la nef du lycée). 

Dans ce cocon protecteur, aucun souci pour les élèves de voir leur portrait affiché en grand.

Mais lorsque la maquette du lycée a été restaurée par des élèves avec les grilles actuelles et les portraits en miniature affichés dessus, un certain nombre d’élèves, pourtant à l’apparence physique révélatrice d’une forte revendication identitaire (homosexuelle ou trans. par exemple) se sont rétractés et ont exprimé des craintes quant aux regards des autres, aux regards des inconnus qu’ils croisent pourtant dans les transports en commun ou sur les trottoirs. « Nos portraits vont être arrachés », « vont être taggués », « ça ne va pas durer deux jours », « vous êtes trop optimiste, madame, vous verrez », …

L’Action va révéler que non, aucun portrait n’a été abimé mais cette crainte inattendue serait un élément à travailler en amont du projet, afin que par le dialogue, par des groupes de paroles, l’image de soi et le poids du regard des autres soient mieux pris en compte.

Plusieurs participants, adultes uniquement, ont exprimé une difficulté majeure quant au choix de l’objet qui symboliserait leur éducation. Prétexte pour ne finalement pas poser ? peut-être mais là aussi des explications orales et un dialogue, auraient sans doute été nécessaires.

Néanmoins, le retour des élèves, parents et autres personnels à la fin de cette action ont été plus que positifs, avec une portée immense : quand les valeurs humaines de tolérance et de respect sont au cœur d’un projet, tout est possible. 

L’image du lycée, souvent perçu comme établissement scolaire très permissif (aux yeux des élèves), s’en est trouvée renforcée. 

Oui dans cet établissement, chacun a son identité, sa personnalité, son éducation, chacun est respecté pour ce qu’il est ou veut être et c’est l’existence de toutes nos différences qui font la richesse de chacune.

Prolongements pédagogiques possibles: Cette Action a été menée dans un contexte scolaire et peut tout à fait être prolongée par un ancrage disciplinaire.

Les prolongements pédagogiques en arts plastiques sont une évidence : travail sur les compétences plastiques photographiques, mais aussi sur les relations entre artiste et société, avec l’art engagé, sur l’art dans l’espace public, sur l’importance du lieu de monstration, sur la réception du public, les rapports entre œuvres et spectateurs, sur la portée et la pérennité d’une œuvre, sur sa diffusion et sa médiation.

En philosophie ou HLP (humanités, lettres et philosophie), les thèmes comme l’image et la recherche de soi, l’éducation, la transmission, l’émancipation, les rapports humains (respect, tolérance, indépendance, engagement, …) peuvent être exploités.

En histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, le vandalisme et la protection du patrimoine sont au programme. Cette crainte du vandalisme a été très souvent évoquée par les participants. 

En LLCE (langues, littératures et cultures étrangères), les thèmes comme les relations entre l’individu et le groupe, la confrontation et la différence ou encore l’expression des émotions et la mise en scène de soi mais aussi l’art et le débat d’idées sont des axes d’études qui entrent en résonance avec cette action.

Conclusion:
L’impact positif de cette action sur le climat scolaire, l’image de l’établissement et le bien-être de chacun a suscité des envies, chez plusieurs collègues de mener, dans leur contexte scolaire, ce type d’action. La difficulté d’affichage de ces portraits aux dimensions monumentales (difficulté évoquée par quelques collègues) doit pouvoir se solutionner par le dialogue et l’engagement de chacun à respecter les lieux et les espaces investis.

J’encourage chacun à trouver comment mener une action sur Inside Out. Toute l’équipe d’Inside Out est là pour vous guider, vous conseiller, vous aider à faire aboutir votre projet. 

D’ailleurs, une nouvelle Action a vu le jour en cette rentrée scolaire 2022-2023
Avec cette fois-ci l’implication de plusieurs établissements scolaire en France, Lituanie et Maroc.

L’aventure continue donc …

*Annexe*