Unis pour la paix : un collage inédit au Burundi

À propos de l'expérience de ce Groupe Leader dans la création d'une action pour la paix au Burundi.

Alicia Theokritoff
BUJUMBURA, BURUNDI | 289 PORTRAITS
10 OCTOBRE 2023

Chaque année, la Journée internationale de la paix est célébrée dans le monde entier le 21 septembre. En effet, aujourd’hui qui que nous soyons et où que nous soyons, nous sommes tous concernés par les différents conflits et les premières personnes impactées sont celles qui ont dû fuir leur pays. 

Au Burundi, pays le plus pauvre du monde de la région d’Afrique des Grands Lacs, à la fois terre d’asile et d’exil, réfugiés congolais et rapatriés burundais cohabitent dans le tissu urbain de Bujumbura. Certains ont dû fuir, pendant que d’autres retournent dans leur pays pour réintégrer leur communauté d’origine.

   Bénévoles installant les portraits sur la façade, installation en cours.

Ainsi, nous avons souhaité à l’occasion de la Journée internationale de la paix mettre en lumière le sort de ces personnes déplacées afin d’exprimer notre désir commun de vivre dans un monde en paix. Traiter ce sujet sous le prisme de l’art avec un projet Inside Out nous est paru particulièrement intéressant dans un pays comme le Burundi où l’art urbain est inexistant. D’autant plus que de créer une action visible depuis la rue permet de démocratiser la culture et la rendre accessible à tous. 

En lien avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, nous avons contacté les chefs de zones des différentes communes urbaines de Bujumbura qui ont invité les réfugiés et rapatriés de leur quartier à participer au projet. Ils leur ont donné rendez-vous pour venir se faire prendre en photo lors de deux journées de shooting au Centre Urbain de Conseil et d’Orientation des Réfugiés, où ils ont été photographiés par deux photographes réfugiés congolais. 

A la fin de ces deux journées de shooting, les photographes avaient pris un total de 289 portraits de femmes, d’hommes et d’enfants burundais et congolais, réfugiés et rapatriés et d’encadrants des structures d’accueil. En offrant leurs visages et leurs regards ils voulaient porter un message universel de paix.  

   Photo des bénévoles pendant le processus d'installation.

Une fois les portraits réalisés, s’est posé le challenge de l’installation. Nous avions choisi un des plus hauts bâtiments de la capitale économique du Burundi, Bujumbura. Ce bâtiment abritant la Délégation de l’Union européenne au Burundi est situé en plein cœur de la ville. Les portraits allaient recouvrir 3 façades du bâtiment s’étendant sur 18 mètres de hauteur et 50 mètres de largeur. La nacelle du bâtiment a permis aux techniciens en charge de l’entretien du bâtiment de coller les affiches en travaillant jours et nuits malgré le vent et les pluies torrentielles inattendues. 

Au fur et à mesure que le collage de l’œuvre avançait, des rumeurs circulaient dans la ville et sur les réseaux sociaux sur l’explication de ce collage. L’absence d’explication pendant plusieurs jours a permis aux passants d’en faire leur propre interprétation et d’engager des discussions au pied de l’œuvre. Un commentaire sur les réseaux sociaux témoignait « J’adore cette œuvre, j’ai montré des photos à toute ma famille et à mon quartier et ils ont aussi adoré cette œuvre. », un autre « Je vais voir demain si c’est la réalité ». En effet, cette installation a suscité beaucoup de curiosité de par son caractère inédit et sa dimension, une première au Burundi !

La veille de l’inauguration de l’œuvre, nous avons diffusé le documentaire Visages villages réalisé par JR et Agnès Varda, dans le cinéma de l’Institut français du Burundi permettant la découverte de l’engagement et de l’essence du travail artistique de JR.

Pour inaugurer l’oeuvre, nous avons rassemblé les réfugiés, rapatriés et partenaires de l’évènement pour célébrer ensemble la journée internationale de la paix au pied de l’œuvre. Les participants étaient émus de voir le résultat et de retrouver leur portrait dans cette fresque de visages. Une slameuse burundaise a déclamé un texte de slam qui a suscité des émotions chez les participants notamment chez une des réfugiées qui entendait pour la première fois une performance de slam et a dit que « c’était la plus belle chose qu’elle ait jamais entendu ».

       Plan rapproché de l'installation.

« Asile ou exil, l'accueil devrait être une valeur universelle,

La paix est la volonté d'apaiser les batailles, ce n'est pas l'absence de toute querelle,

Au-delà de nos origines, nous partageons les mêmes aspirations.

Et si toi et moi, nous construisions un monde où l'amour et la paix régnaient

Un monde où les peuples s'unissent sans barrières ni frontières

La paix ne devrait pas être qu'un mot, mais un mode de vie

Car la paix pour moi, c'est de vivre en harmonie avec toi » 

   Photo de l'installation terminée

Nous nous sommes quittés sur cette note poétique en laissant le temps faire vivre l’œuvre. 

Pour faire vivre l’œuvre à travers nos mémoires, deux vidéos de l’installation ont été réalisées ainsi qu’une affiche et des marque-pages.

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